By jeanmarcmorandini.com
Santé

Perforations du ventre, du thorax, hémorragies, amputations : les blessures des victimes des attentats de Paris


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Sur le plateau du Magazine de la santé , le professeur Sylvain Rigal, chef du service d'orthopédie-traumatologie de l'hôpital militaire Percy à Clamart, est venu expliquer les blessures qu'il a constatées sur les victimes des attentats du 13 Novembre.

Perforations du ventre, du thorax, hémorragies : les blessures des victimes des attentats de Paris évoquaient "des blessures de guerre", selon les médecins intervenus sur place.

Les balles de guerre ont des effets de souffle très important. La gravité se fait lors de la rencontre de l'os.

"On parle de chirurgie de guerre parce que la balle ou l'éclat d'obus va provoquer des lésions qu'on appelle pluritissulaires. Il y a bien sûr la peau, les muscles, les tendons, les nerfs, les artères et on est exactement dans cette situation". 

"Un certain nombre de patients sont sortis ou vont sortir du bloc opératoire sans une réparation parfaite de toutes leurs structures parce qu'on ne peut pas ou alors parce que ce n'est pas le bon moment" "La plupart des blessés avaient été traversés de balles, c'était horrible", raconte un des chirurgiens de l'hôpital Lariboisière, sous couvert d'anonymat aux équipes du magazine de la santé.

Mâchoires, crânes, yeux, membres touchés, indique-t-il en évoquant "un grand sentiment de désolation".

Un chirurgien viscéral à l'Hôpital Nord de Marseille confronté à ce type de lésions explique à la Provence , les conséquences des blessures par arme à feu. Ce chirurgien, qui intervient régulièrement sur des urgences vitales, pense que ses confrères parisiens ont sans doute dû réaliser beaucoup d'amputations des bras ou des jambes. "Les terroristes ont tiré en rafale à l'aveugle, ce qui déchiquette les membres. Les victimes arrivent avec des membres qui ne tiennent souvent que par des lambeaux de chair. Il s'agit alors de leur sauver la vie en arrêtant les saignements. Pour cela, on "régularise" l'amputation, il n'est plus question de reconstruire."

 

Le professeur Berdah a beaucoup opéré de blessés par balle. "La raison est simple, confie-t-il. Il y a quelques années, les voyous se tiraient dessus avec des armes de poing 9mm ou 22LR. Mais c'est difficile de tuer quelqu'un avec un pistolet. Les blessés arrivaient avec une ou deux balles ; rapidement pris en charge, on pouvait les sauver. Avec une arme de guerre comme la kalachnikov, les lésions sont plus importantes, et souvent nombreuses car elle tire en rafale. Ces projectiles sont différents, ils explosent quand ils pénètrent dans le corps et entraînent des lésions intérieures très importantes. C'est monstrueux. Avec une kalachnikov, la victime a très peu de chances de s'en sortir, de survivre.  Une rafale dans le ventre est clairement mortelle car elle engendre plusieurs hémorragies qui vont vider la personne de son sang. Au-delà de 2 à 3 litres perdus, on meurt."

 

Chirurgien spécialiste du rein et de l'appareil urinaire au CHU de la Conception à Marseille, le Pr Éric Lechevallier est un expert des blessures par balle. "D'un calibre moyen - 7,62 mm - la balle de kalachnikov est blindée, recouverte de cuivre, et arrive à haute vélocité, environ 2 000km/h. C'est une balle "instable" qui fait beaucoup de dégâts (lire ci-dessous). La kalach' a une puissance de 600 coups/minute. C'est un massacre. C'est une arme qui n'a pas de recul et n'est donc pas trop difficile d'usage, mais il faut plusieurs mois d'exercice pour la maîtriser et l'utiliser en mouvement. Les terroristes de Paris savaient s'en servir. On entend qu'ils tirent par courtes rafales, c'est propre au tir de combat. L'amateur va vider son chargeur de 20 à 30 balles d'un coup. Un autre "avantage" de cette arme, c'est le faible coût de ses munitions : 30 centimes la cartouche achetée avec un port d'arme adéquat. C'est l'arme idéale : petite, robuste, simple, pas chère, polyvalente ."

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