By jeanmarcmorandini.com
Santé

Les Français sont-ils les plus exposés aux pensées suicidaires ?


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Les Français sont-ils les plus exposés aux pensées suicidaires ? En quoi leurs attitudes différent-elles de leurs voisins européens ? Après une analyse spécifique du cas français – publiée en février dernier, à l’occasion de la 20 e Journée nationale de prévention du suicide –, la Fondation Jean-Jaurès et Michel Debout, en partenariat avec l’Ifop, continuent leur travail d'enquête avec une comparaison européenne, à la veille de la 15 e Journée mondiale de prévention du suicide.

Marisol Touraine, ministre de la Santé, l’a rappelé : « Le suicide, c’est un drame de santé publique. Ce sont chaque année entre 10 000 et 11 000 personnes qui mettent fin à leurs jours, et environ 80 000 personnes qui sont hospitalisées à la suite d’une tentative de suicide. Ce sont des vies brisées, des familles endeuillées, des professionnels de santé souvent désemparés.

C’est une société qui s’interroge, aussi, sur sa part de responsabilité.

Le suicide est peut-être l’acte individuel le plus absolu, mais il est aussi révélateur d’un échec collectif ».

Au-delà de la France, fortement concernée par le suicide, avec un taux de moyen de mortalité largement supérieur à la moyenne européenne, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en fait également un enjeu de santé publique prioritaire pour l’avenir : « un problème de santé publique énorme mais en grande partie évitable, aujourd’hui à l’origine de près de la moitié de toutes les morts violentes.

On compte actuellement près d’un million de décès annuels dus au suicide, et le coût économique se chiffre en milliards de dollars. Selon les estimations, le nombre de décès dus au suicide pourrait passer à 1,5 million d’ici 2020 ».

LES FRANÇAIS PLUS NOMBREUX À PENSER SÉRIEUSEMENT AU SUICIDE, LES ITALIENS MOINS TOUCHÉS

En France et comme dans les trois autres pays étudiés, les pensées suicidaires sont le fait d’une minorité, mais une minorité très préoccupante.

En janvier dernier, 20% des Français déclaraient avoir déjà pensé sérieusement au suicide et 5% témoignaient même avoir déjà fait une tentative de suicide ayant nécessité une hospitalisation.

Avec une telle proportion, les Français apparaissent les plus exposés aux pensées suicidaires et se distinguent des Allemands, des Espagnols et des Italiens qui sont sensiblement moins nombreux à faire part de telles intentions.

Si l’on ajoute aux pensées suicidaires sérieuses les pensées plus vagues, les Italiens sont les moins concernés par ces pensées (80% d’entre eux déclarent n’avoir jamais envisagé le suicide contre 61% chez les Français, soit un écart de près de 20 points entre ces deux pays).

Les Allemands et les Espagnols se situent à des niveaux comparables : 72% et 70% déclarent n’avoir jamais pensé au suicide. Pour ce qui est des antécédents de tentatives de suicide, 5% des Français qui déclarent être passés à l’acte : nous sommes donc en tête devant les Allemands (4%), et les Espagnols et les Italiens (2%).

Le rapport hommes/femmes:  Comme le révèlent les statistiques officielles, nationales ou internationales, le taux de mortalité par suicide est plus élevé chez les hommes, et ce sont les femmes qui font le plus de tentatives de suicide. 

L’âge, le statut professionnel, le niveau de diplôme et, à un degré moindre, la religion sont des facteurs corrélés avec les intentions déclarées de pensées suicidaires sérieuses.

En France les moins de 35 ans déclarent à 24% une intention réelle de se suicider, alors que c’est le cas pour 19% seulement des plus de 35 ans.

Les diplômés supérieurs sont concernés à 16% par des pensées suicidaires sérieuses, une proportion qui s’élève à 22% pour ceux qui n’ont pas obtenu de tels diplômes.

Enfin, les catholiques pratiquants sont 16% contre 23% pour ceux se déclarant sans religion à avoir pensé sérieusement au suicide.

Chômage et conditions de travail dégradées favorisent les pensées suicidaires des actif

La France est le pays dont la population est la plus concernée par les pensées de suicide. 30% des chômeurs pensent (ou ont déjà pensé) sérieusement à se suicider (vs 20% de la population générale, ce qui est déjà un taux très élevé) et 8% des chômeurs ont réalisé une tentative de suicide nécessitant une hospitalisation, contre 5% pour l’ensemble des Français (chiffre en progression nette depuis 2006).

Il faut ajouter à cette situation préoccupante que ce sont les Français qui déclarent le plus vivre des situations anxiogènes au travail : 37% pour « seulement » 31% des Espagnols, 27% des Italiens et 22% des Allemands.


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